Te sens-tu parfois agressé par les paroles d’autres personnes ? Comment exprimer tes désirs sans recevoir de l’hostilité ? Qu’est ce que la communication non violente ? Comment la pratiquer ?
Voici un résumé complet du livre sur la CNV de Marshall Rosenberg.
Je suis très heureux de vous retrouver pour ce nouvel article sur la communication non violente. Nous allons répondre ensemble à plusieurs questions : Qu’est ce que la CNV peut vous apporter ? Dans quelles situations l’utiliser ? Quelles sont les bonnes pratiques et erreurs à éviter pour vous exprimer en CNV ?
Cet article est un résumé du livre de Marshall B. Rosenberg: «Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), Introduction à la communication non Violente.»
Vous verrez que la CNV est presque une philosophie de vie. Votre façon de voir le monde et d’interagir avec ceux qui vous entourent en sera profondément transformée. Vous l’aurez compris, cet outil peut véritablement transformer votre vie.
Le livre de Marshall Rosenberg est très complet. Pour que la lecture ne soit pas trop longue, j’ai divisé le résumé du livre en plusieurs articles à paraitre :
- les 5 erreurs à éviter pour une communication bienveillante
- s’exprimer grâce à la communication non violente : objectifs et 4 étapes de la CNV. C’est le thème que nous allons approfondir dans cet article.
- écouter en utilisant la CNV : l’écoute active et empathique,
- CNV partie 2 : l’expression de la colère et la formulation d’un remerciement authentique.
- 3 phases de l’esclavage affectif à la libération. Avez-vous un rapport sain aux émotions ?
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La raison de la communication non violente
La violence n’est pas seulement un acte physique. Nos comportements et notre langage peuvent aussi être porteur de violence. Et c’est la violence de nos comportements qui rend notre monde impitoyable.
Il est facile de voir un problème comme extérieure à soi-même : « je ne suis pas responsable ». Mais avec cette façon de voir, vous vous empêchez de trouver une solution. La communication non violente consiste à chercher la solution là où elle se trouve : en soi-même.
A quoi sert la CNV ?
- Manifester une compréhension respectueuse à tout message reçu
- Briser les schémas de pensée qui mènent à la colère et à la déprime
- Dire ce que nous désirons sans susciter d’hostilité
- Communiquer en utilisant le pouvoir guérisseur de l’empathie.
Partir à la connaissance de soi
La communication non violente est bien plus qu’un simple outil de communication. Car pour parler de façon authentique et sincère, il est nécessaire de se connaître soi-même. En utilisant la communication non violente, vous allez d’abord prendre du recul sur vous-même. Et vous allez commencer par écouter ce qui se passe en vous.
La communication non violente est donc un puissant outil pour se connaître soi-même. En l’utilisant, vous allez peu à peu prendre l’habitude de reconnaître vos ressentis, vos émotions et vos besoins.
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Quand utiliser la communication non violente ?
La CNV a pour objectif de nous aider à communiquer avec bienveillance même dans les situations les plus difficiles.
La CNV peut être utilisée en toute circonstance. Même avec des personnes hostiles, nous pouvons l’utiliser. L’important est d’avoir en soi une volonté profonde de donner de l’amour et de la bienveillance.
Tous types de relation sont concernés par la CNV : couple, famille, milieu scolaire, professionnel, relation thérapeutique, négociation d’affaire, résolution de conflit.
« En utilisant la CNV j’ai cessé de me sentir agressée et de me voir comme une victime. J’ai appris à véritablement écouter les mots qui me parvenaient et percevoir les sentiments qu’ils recouvraient. […] J’ai appris à accepter des réponses que je n’avais pas forcément envie d’entendre. Il n’est pas là pour me rendre heureuse et je ne suis pas là pour faire son bonheur. Nous avons tous deux appris à grandir, à accepter et à aimer, de sorte que chacun trouve sa plénitude. »
– Témoignage d’une participante à un atelier
Les 4 étapes de la CNV
Communiquer en CNV passe par 4 étapes :
1.Communiquer les faits,
2.Comprendre et exprimer ses émotions,
3.Exprimer ses besoins,
4.Formuler une demande concrète.
Nous allons voir dans la suite de l’article les objectifs et les pièges à éviter pour chacune de ces étapes.
S’exprimer et écouter avec la communication non violente
La communication non violente est un processus qui marche dans les 2 sens :
- s’exprimer en utilisant les 4 étapes avec respect et bienveillance envers l’autre,
- écouter avec empathie et chercher dans les paroles de l’autre ces 4 étapes.
L’expression ne passe pas forcément par les mots. A la base de la CNV, c’est une transformation intérieure qui a lieu. En prenant conscience de ces 4 étapes, votre énergie change et cela se ressent déjà.
1.Quelles différences entre observation et évaluation?
Dans notre communication, nous avons tendance à mélanger observation et évaluation.
La communication non violente ne dit pas qu’il est préférable d’être 100% objectif. Par contre, la CNV recommande de distinguer l’observation de notre évaluation. Car un mélange d’observation et d’évaluation risque d’être entendu comme une critique.
Observation + évaluation = critique
Évitons les généralisations ou de mettre des étiquettes. Une observation juste décrit une situation à un moment précis.
Si vous pensez sous l’effet de l’émotion : « Mon fils est stupide. »
Dites alors : « Tu as traversé la route sans regarder les voitures. Je ne trouve pas ça prudent. J’ai eu peur qu’il t’arrive quelque chose. »
Voici un poème qui donne d’autres exemples de cette distinction :
« Je n’ai jamais vu d’homme paresseux ;
J’ai connu quelqu’un qui faisait parfois la sieste l’après-midi
Était-il paresseux ou faisait-il des choses que nous associons à la paresse ?
Je n’ai jamais vu d’enfant stupide ;
J’ai vu parfois un enfant faire des choses que je ne comprenais pas.
Était-il stupide ou savait-il simplement des choses que j’ignore ?Ce que certains nomment la paresse est pour d’autres de la fatigue ou de la détente.
Ce que certains nomment bêtise est pour d’autres un savoir différent. »
– Ruth Bebermeyer
La plus haute forme de l’intelligence humaine
D’après J. Krishnamurti, observer sans évaluer est la plus haute forme de l’intelligence humaine.
Il n’est pas facile de rester factuel lorsque nos émotions sont en jeu. Car nous avons l’habitude de formuler des mélanges d’observation et d’évaluation. Mélangeant ainsi émotions et observations.
Le problème c’est qu’ainsi, nous ne pouvons pas faire une demande claire, car la personne ne comprend pas le fait qui pose véritablement problème.
6 signes que vous évaluez au lieu d’observer
1.L’utilisation du verbe être
Évaluation : « Tu es … »
Observation : « Quand je te vois faire…, je pense que tu es … »
2.Les verbes qui évaluent « tu traines dans ton travail. »
3.Faire des suppositions et les transformer en vérité
Évaluation : « Elle ne rendra pas son travail. »
Observation : « Je ne pense pas qu’elle rendra son travail. »
4.La confusion entre prédiction et certitude
Évaluation : « Si tu fais …, il t’arrivera…»
Observation : « Si tu fais …, je crains qu’il ne t’arrive…»
5.Les mots exprimant le jugement : aptitude ou inaptitude, adjectif ou adverbe
Évaluation : « Je trouve que Jacques est un mauvais chanteur. »
Observation : « En 5 chansons, Jacques a fait 5 fausses notes. »
6.La généralisation : avec les adverbes toujours, jamais, tout le temps, chaque fois…
Voici quelques habitudes de langage à observer pour réduire votre habitude à évaluer. Une bonne observation est indispensable dans le processus de la CNV. L’évaluation entendue comme une critique conduit à une réaction. La personne se défend car elle se sent attaquée. Il est alors plus difficile d’être entendu dans notre ressenti et notre demande.
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2.Reconnaître et exprimer vos ressentis et vos émotions
Exprimer ce que nous ressentons, c’est montrer notre humanité. Montrer notre vulnérabilité. Malheureusement, il est rare d’apprendre à l’école comment exprimer nos ressentis. Nous apprenons plus souvent à juger et à qualifier les actions des autres.
Exprimer vos émotions et vous montrer vulnérable permet aux autres de se mettre à votre place. Si vous dites à une personne comment vous vous sentez, cette personne peut le ressentir elle-même dans son propre corps.
Le simple fait d’exprimer vos ressentis peut permettre de résoudre des situations conflictuelles.
Comment savoir ce que vous ressentez ?
Avant de pouvoir exprimer un ressenti, encore faut il savoir ce qu’on ressent ! Voici deux questions à vous poser pour trouver vos ressentis :
« Qu’est-ce que j’éprouve ? »
« Qu’est-ce que je ressens dans cette situation ? »
Les erreurs à éviter
Exprimer ce que vous ressentez n’est pas facile. Le ressenti peut vite se transformer en une pensée.
Certaines tournures de phrases peuvent créer la confusion entre pensées et ressentis. Voici 3 phrases qui sont le signe d’une pensée camouflée :
« J’ai le sentiment que tu… »
« Je sens que… »
« J’ai le sentiment de/que … »
Comment formuler un ressenti ?
Voici deux verbes les plus courants pour formuler un ressenti. Mais attention, les utiliser ne garantit pas à 100% que vous exprimez bien un ressenti. Nous allons voir pourquoi ensuite. Il s’agit du verbe « sentir » ou du verbe « être ».
« Je me sens triste. »
« Je suis triste. »
Mais l’adjectif que vous utilisez ensuite est très important. Car certains adjectifs expriment un ressenti alors que d’autres peuvent cacher un jugement.
Les jugements camouflés
Voici deux exemples de jugement :
« Je me sens nul. »
« Je suis nul. »
En effet, ces phrases cachent un autre ressenti : « Je me sens déçu, mécontent… ».
Il s’agit de ne pas confondre ce que vous pensez être avec ce que vous ressentez.
Voici une liste d’adjectifs qui cache un jugement par rapport à soi-même ou aux autres. « Je me sens…abandonné, attaqué, dévalorisé, exploité, ignoré, incompris, manipulé, obligé, provoqué, trahi, trompé, utilisé… »
Un vocabulaire adapté pour de vrais ressentis
Plus vous avez un vocabulaire riche pour décrire vos ressentis, plus vous pourrez les décrire avec facilité et précision.
Voici une liste de mots qui peuvent décrire vos ressentis :
Ressentis positifs : apaisé, aux anges, calme, comblé, confiant, content, curieux, décontracté, émerveillé, ému, enthousiaste, encouragé, en sécurité, fier, heureux, inspiré, léger, libre, optimiste, rassuré, reconnaissant, sûr de soi, vivant, plein d’énergie, plein de gratitude.
Ressentis lorsque vos besoins ne sont pas satisfaits : à bout, agacé, agité, angoissé, anxieux, , attristé, blessé, choqué, confus, contrarié, coupable, crispé, débordé, découragé, dégouté, démoralisé, déprimé, en colère, épuisé, fâché, impatient, impuissant, irrité, sceptique, seul, stupéfait, tendu, triste, vexé, sentiment de rancœur…
3.Reconnaître vos besoins et les exprimer avec la CNV
La 3ième étape de la CNV s’appuie sur une pensée : « Je suis responsable de mes ressentis ». Il s’agit de prendre conscience que chacun est responsable de la façon dont il reçoit les actes et paroles d’autrui.
Vos émotions sont issues de la manière dont vous choisissez de recevoir ces actes et paroles. Vos émotions peuvent aussi être liées à des besoins non assouvis dans cette situation.
Les actes et paroles peuvent déclencher une émotion, mais c’est vous qui en êtes responsables.
Comment réagir à une critique ?
Par exemple, voici 4 façons de réagir lorsqu’une personne vous fait une critique :
1.Vous vous sentez fautif, votre estime de vous-mêmes baisse. Vous ressentez de la culpabilité, de la honte et ça peut conduire à la déprime.
2.Vous rejetez la faute sur l’autre. Vous ressentez de la colère.
3.Vous percevez vos ressentis et vos besoins. CNV centrée sur vous-même : « Lorsque je t’entends dire… je me sens… parce que j’ai besoin de … »
4.Vous cherchez à percevoir les sentiments et besoins de l’autre. CNV centrée sur l’autre. Vous posez une question : « Te sens-tu… parce que tu aurais besoin que … ? »
Nous avons le choix de réagir d’une de ces 4 manières. En utilisant la CNV, vous choisirez les réaction 3 ou 4 et ainsi vous ne rejetez pas la responsabilité de vos émotions sur l’autre. Au contraire, vous pouvez faire un lien entre l’émotion et le besoin de l’autre et les vôtres.
Comment formuler une critique bienveillante ?
Voyons maintenant comment formuler une bonne critique en CNV. Savoir formuler une bonne critique est indispensable pour que la personne en face de vous ne réagisse pas de la manière 1 ou 2 : culpabilité ou colère.
Une bonne critique en 3 étapes :
1.Vous observez les faits sans évaluation. (partie précédente)
2.Vous prenez la responsabilité de vos émotions. (nous allons voir les erreurs à éviter ensuite)
3.Vous faites le lien avec votre besoin non rempli.
Exemple :
A : « Ils m’ont vraiment exaspéré en annulant le contrat ! »
A rejette la responsabilité de son exaspération sur le comportement de l’autre.
B : « Lorsqu’ils ont annulé le contrat, j’étais exaspéré parce que je me disais que c’était une initiative irresponsable. »
B reconnaît la responsabilité de son émotion en exprimant sa pensée. Mais B ne fait pas le lien avec son besoin.
C : « Lorsqu’ils ont annulé le contrat, j’ai été irrité parce que j’espérais ainsi obtenir une promotion. » Là, on est bon 😉
Lorsqu’une critique est mal formulée
Cela peut donner lieu à une action motivée par la culpabilité. C’est même la base de la motivation par la culpabilité : faire porter la responsabilité de notre émotion à l’autre.
Voici quelques formulations qui masquent la responsabilité de vos émotions :
1.L’utilisation de « cela » ou « ça » : « Cela/ça me rend furieux de … ». Utilisez : « Je me sens furieux. »
2.Faire référence uniquement aux actes des autres : « Quand tu es en retard, je me sens irrité ». Parlez plutôt ainsi : « Quand une personne est en retard à un rendez-vous, je me sens irrité. »
3.Toujours exprimer votre besoin : « Je me sens tendu lorsque nous sommes en retard. » La personne peut alors entendre un reproche. Plutôt dire : « Je me sens tendu lorsque nous sommes en retard parce que c’est important pour moi d’arriver à l’heure. »
Si vous ne finissez pas par l’expression de votre besoin, un sentiment de culpabilité peut apparaître. Alors que le besoin exprimé donne lieu à la compréhension et l’empathie.
Comment reconnaître vos besoins ?
Il n’est pas toujours évident de comprendre quel est notre besoin ou celui de l’autre. Souvent, une critique ou un jugement cache notre propre besoin.
Par exemple : « Tu n’es jamais à l’heure ! » veut dire « Je me sens stressé et irrité lorsqu’une personne est en retard à un rendez-vous parce que je veux être à l’heure pour chercher mes enfants à l’école. »
Ou encore : « Tu ne me comprends pas » peut cacher un besoin d’être écouté et compris.
Et cette réflexion : « Tu aimes plus ton travail que moi » peut cacher un besoin d’intimité et de partage de moments de qualité.
Exprimer vos besoins par des jugements, des interprétations ou des images risque d’être entendu comme une critique. Ce qui conduit à une réaction de défense ou de riposte. En formulant : faits, ressentis, besoins, vous avez beaucoup plus de chance de recevoir une écoute empathique et de trouver une solution.
Pour comprendre vos besoins fondamentaux, je vous invite à relire l’article sur le livre de Gary Chapman et les langages de l’amour.
Exprimer ou taire ses besoins : quels risques ?
Exprimer vos besoins peut ne pas être agréable et vous faire peur. Vous craignez d’être rejeté ou juger. Souvent, ces craintes font écho à votre enfance. Comment votre entourage recevait vos demandes lorsque vous étiez enfant ?
Prenez conscience de vos blessures. Comment exprimez-vous vos besoins aujourd’hui ? Est ce que vous vous lamentez ou jouez la comédie au lieu d’exprimer clairement vos besoins ?
Aujourd’hui, vous n’êtes plus cet enfant. Pour exprimer vos besoins, utilisez une bonne formulation. Cela vous sera d’une grande aide pour recevoir de l’empathie et non du jugement.
Par ailleurs, si vous n’exprimez pas vos besoins alors il n’y a aucune chance que les autres les devinent. Voici l’exemple d’une femme qui prend conscience de cette dure réalité : « J’en ai voulu pendant 24 ans à mon mari parce qu’il ne comblait pas mes attentes, et je me rends compte aujourd’hui que je ne lui ai jamais dit clairement ce dont j’avais besoin. »
4.Comment faire une bonne demande en communication non violente?
Comment demander pour que l’autre prenne plaisir à répondre à votre besoin ?
Nous avons tendance à nous exprimer de façon négative : « je ne veux pas que tu … ». De cette manière, l’autre personne ne sait pas ce que nous voulons. Et en plus, cette formulation négative peut créer une réaction de résistance ou de défense.
C’est pourquoi il est important d’utiliser une formulation d’« action positive » comme dit Marshall Rosenberg. « Serais-tu d’accord pour… ? »
Voici un exemple d’incompréhension liée à une demande négative.
-Une femme demande à son mari : « Je voudrais que tu passes moins de temps au travail. »
-Le mari lui annonce la semaine suivante : « Je me suis inscrit à un tournoi de golf. » Répondant ainsi à la demande de sa femme de passer moins de temps au travail.
-La femme prend alors conscience qu’elle n’a pas formulé clairement sa demande. Par la suite, elle demandera à son mari : « Je souhaite que tu passes au moins une soirée par semaine à la maison. »
Voici deux enseignements à retenir de cet exemple. Lorsque vous faites une demande, n’utilisez pas :
-une tournure négative,
-une formulation vague, ambiguë, abstraite.
Préférez donc une phrase d’action positive et concrète.
Formuler sous forme d’action positive vous oblige à être claire dans votre demande. Posez-vous la question suivante : « Quelle action j’attends de cette personne pour répondre à mon besoin ? »
Une demande abstraite peut cacher :
– une méconnaissance de votre propre besoin
– un paradoxe entre le souhait réel et la demande. « Je veux que mon fils soit responsable » devient « Je veux que tu fasses ce que je te dis sans discuter. » Un enfant qui obéit au doigt et à l’œil est-il vraiment responsable ?
– un jeu de pouvoir entre individus. « Je veux être libre » devient « Je veux que tu me soutiennes quoi que je fasse. » Peut-on construire une relation saine et sincère sur ce principe ?
– une demande impossible. « Je veux me sentir aimé » devient « Je veux que cette personne devine tout ce dont j’ai besoin sans que je ne dise rien. »
Ne pas confondre ressenti et demande
Exprimer un ressenti n’est pas suffisant. Un ressenti exprimé seul peut être ressenti comme une exigence. « J’ai soif. »
De la même façon, une demande sans ressenti a plus de chance d’être entendu comme une exigence ou un reproche.
Nous allons voir comment être sûr que notre demande est bien comprise. Et aussi comment savoir si notre demande est bien reçue positivement et non comme une exigence ou un reproche.
Comment savoir si vous avez été bien compris ?
Le seul moyen de savoir si votre demande a été entendue comme une demande… c’est de demander à votre interlocuteur.
Demandez à la personne à laquelle vous vous adressez de reformuler ce que vous lui avez dit.
Cette simple question peut suffire : « Est-ce que c’est clair pour toi ? »
Si la personne ne réagit pas, elle a certainement entendu une exigence. Vous pouvez alors demander :
« Pourrais-tu me dire ce que tu m’as entendu te dire ? »
Puis : « Je constate que je ne me suis pas exprimé aussi clairement que je l’aurais voulu, je vais donc réessayer. »
Une personne peut aussi refuser de reformuler en répondant : « Je ne suis pas sourd. J’ai entendu ce que tu as dit. »
Vous pouvez alors ajouter : « Je souhaite vérifier que je me suis exprimé clairement. »
Ou alors, utilisez l’écoute empathique : « Tu es contrarié, car tu veux qu’on respecte ta capacité à comprendre les choses ? »
La difficulté est de ne pas retomber dans le déni de responsabilité qui peut être entendu comme une critique : « Tu m’as mal compris. Je vais reformuler » ou encore « Je souhaite vérifier que tu as bien compris. »
Demander de la sincérité
Après vous être assuré que votre demande a bien été entendue et comprise, vous allez demander l’avis de la personne. Votre demande doit être claire et précise afin que le retour de la personne corresponde à vos attentes.
Voici 3 retours que vous pouvez demander :
1.Comment se sent la personne ?
2.Que pense-t-elle de votre idée ?
3.Est-elle d’accord pour agir ?
1.Demander un ressenti
Vous souhaitez connaître le ressenti de l’autre par rapport à votre demande. Alors, vous pouvez demander : « Je souhaiterais que tu me dises quels sont tes sentiments au sujet de ce que je viens de dire et tes raisons pour cela. »
Vous demandez à la personne d’exprimer son ressenti et son besoin éventuel.
2.Demander un avis
Soyez très précis dans votre demande. Si vous demandez : « Qu’est ce que tu en penses ? » La personne va passer du temps sur des choses qui ne vous intéresse pas.
Utilisez plutôt ce type de formulation : « J’aimerais que tu me dises si tu penses que mon projet va marcher ou ce qui, d’après toi, pourrait l’empêcher de réussir. »
3.Demander l’accord
Est-il d’accord pour répondre à votre demande ?
« J’aimerais que tu me dises si tu es d’accord pour reporter notre réunion d’une semaine. »
Pratiquer la CNV, c’est :
-connaître le retour honnête que vous attendez : ressenti, avis ou accord.
-et le demander de façon claire et concrète.
Adresser une demande à un groupe
Lorsque vous vous adressez à un groupe, il est d’autant plus important d’être précis dans votre demande.
Une demande mal formulée peut donner lieu à un débat sans fin. Et une perte de temps pour toutes les personnes présentes.
Demande et exigence
Nous avons vu que la nuance entre demande et exigence est fine. Une formulation négative, abstraite ou incomplète peut conduire à de la résistance. Mais même si votre formulation est bonne, elle peut être entendue comme une exigence.
En effet, la personne à laquelle vous vous adressez joue également un rôle.
Si cette personne est habituée à être critiquée lorsqu’elle ne répond pas à une demande, alors il est probable qu’elle entende votre demande comme une exigence. Ces expériences passées peuvent venir de vous ou de d’autres personnes.
C’est pourquoi la façon dont vous répondez à un refus est d’une importance capitale !
Comment répondre à un refus ?
La façon dont vous répondez à un refus va déterminer si votre demande était vraiment une demande ou si c’était en fait une exigence.
1.Si vous répondez à un refus par de l’empathie, alors votre demande était bien une demande. Vous comprenez que votre demande est incompatible avec le ressenti et le besoin de l’autre.
2.Si vous répondez à un refus par la critique ou le reproche, alors votre demande était une exigence. Dans ce cas, vous ressentez le refus comme un rejet. « C’est tout toi, quelle égoïste ! »
Objectif de la demande
L’objectif de la CNV est de créer des relations basées sur la sincérité et l’empathie.
Votre demande est formulée de façon à renforcer la confiance dans cette relation. Vous ne cherchez pas à obtenir quelque chose au dépend de l’autre.
Voici deux phrases à utiliser si votre demande a été entendue comme une exigence :
« Voudriez-vous me dire comment j’aurais pu vous faire part de ce que je souhaite sans avoir l’air de vous donner un ordre ? »
ou encore : « Comment pourrais-je vous dire ce que j’aimerais que vous fassiez sans donner l’impression de ne pas me soucier de vos désirs ? »
Observez vos pensées
S’il y a de l’exigence dans vos pensées, vos interlocuteurs le ressentiront dans vos paroles et votre attitude. Voici quelques pensées qui cachent des exigences.
« Il devrait… »
« Elle est sensée… »
« Je mérite… »
« J’ai raison de… »
« J’ai le droit de… »
Résumé de l’article : communication non violente partie 1/2
Avec les 4 étapes que nous venons de voir, vous avez de très bonnes bases pour vous exprimer en CNV. Il y a un seul principe de base auquel vous ne pourrez pas échapper : l’observation. Et ce principe ne vaut pas que pour la communication non violente.
Ce que la CNV à changer pour moi, avant ma façon de communiquer avec les autres, c’est ma communication avec moi-même. Pour décrire vos observations, ressentis, besoins et demandes, vous devez les connaître !
En pratiquant la communication non violente, vous allez retrouver votre pouvoir sur votre vie et vos relations. Vous allez peu à peu prendre conscience et mettre en pratique ce précepte : tu ne peux pas changer les autres, mais tu peux te changer toi-même. Et de mon côté, c’est cette transformation personnelle et intérieure qui me met en joie.
En résumé, nous avons vu aujourd’hui :
- Que la CNV vous permet d’apporter la paix en vous-mêmes, mais aussi dans le monde qui vous entoure,
- Que la CNV peut s’utiliser dans toutes situations et toutes relations,
- Comment observer sans juger ? Soyez factuel et précis.
- Comment exprimer vos ressentis ? Utilisez les verbes « sentir » ou « être » et des adjectifs précis.
- Chaque émotion, parole ou action cachent un besoin. Prenez le temps de comprendre votre besoin et exprimez-le avec une intention de paix et d’amour
- Faire une demande d’action positive et concrète
- Une phrase à retenir : « Quand il se passe…je me sens…parce que j’ai besoin de…Serais-tu d’accord pour … ? »
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Pour aller plus loin :
-Consultez le livre de Marshall Rosenberg, il est très bien fait : chaque chapitre contient des exemples, un résumé et un exercice de mise en pratique.
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- 3 phases de l’esclavage affectif à la libération. Avez-vous un rapport sain aux émotions ?
- l’écoute active et empathique
Merci pour cet article très complet sur la CNV. Apprendre à communiquer constitue un réel travail à faire sur soi !
Et ce n’est pas toujours évident de se défaire de certains conditionnement.
Je pense que c’est l’apprentissage de toute une vie 🙂
Alors merci pour toutes ces prises de conscience.
Bonjour Sophie,
Oui, ça ne se fait pas du jour au lendemain !
Mais en avoir conscience, c’est le 1er pas pour mettre en place de bonnes pratiques.
Une belle journée et une bonne pratique de la CNV à toi 😉